30 juillet 2025

Loi 16 : règlement 2025 adopté pour les copropriétés au Québec

Loi 16 : règlement 2025 adopté pour les copropriétés au Québec

Introduction

Le 5 décembre 2019, le Québec a franchi une étape majeure en adoptant le projet de loi 16, amorçant la plus grande réforme du droit de la copropriété divise depuis 1994. Entrée partiellement en vigueur le 10 janvier 2020, cette loi visait à encadrer de manière plus rigoureuse l'entretien des bâtiments, la transparence administrative et la planification financière des syndicats de copropriété.

Le 30 juillet 2025, le gouvernement du Québec a adopté et publié le règlement qui officialise les obligations les plus structurantes de cette loi. Trois piliers deviennent désormais obligatoires :

  • Le carnet d’entretien ;
  • L’étude du fonds de prévoyance ;
  • L’attestation du syndicat en cas de vente.

Ce texte vous présente tout ce que vous devez savoir pour vous conformer dès maintenant.

Contexte et origine de la réforme

La Loi 16 répond aux défis réels vécus par les syndicats de copropriété au Québec : bâtiments vieillissants, gestion bénévole, imprévus financiers, manque d’information pour les acheteurs. Elle modernise le cadre juridique en imposant des pratiques de gestion préventives, transparentes et durables.

Modifications principales de la Loi 16

Ce que la Loi 16 change pour la copropriété divise

La loi introduit :

  • Une obligation d’avoir un carnet d’entretien structuré, mis à jour annuellement et révisé tous les 5 ou 10 ans ;
  • Une étude du fonds de prévoyance tous les 5 ans, préparée par un professionnel reconnu ;
  • Une attestation du syndicat à fournir à l’acheteur en cas de vente d’un condo ;
  • Des règles de majorité renforcée pour certaines décisions importantes (modification à l’Acte constitutif) ;
  • Une clause pénale imposant une responsabilité accrue aux administrateurs.

Ce que le règlement officiel adopté le 30 juillet 2025 change concrètement

1. Le carnet d’entretien (obligatoire au plus tard le 14 août 2028)

Contenu obligatoire

  1. Inventaire et description des parties communes, incluant les matériaux, équipements et dates d’installation ;
  2. Évaluation de l’état et de la durée de vie utile restante ;
  3. Planification des réparations majeures et remplacements sur 25 ans (année par année) ;
  4. Planification des entretiens courants, avec fréquence ;
  5. Archivage : historique des interventions, contrats, garanties, rapports, etc.

Qui peut l’établir

Uniquement les membres de ces ordres professionnels :

  • Ingénieurs (OIQ)
  • Architectes (OAQ)
  • Technologues professionnels (OTPQ)
  • Évaluateurs agréés (OEAQ)

Le professionnel doit être indépendant (non administrateur, gestionnaire, copropriétaire ou résident).

Mises à jour

Obligatoires chaque année, par le syndicat ou son gestionnaire.

Révisions professionnelles

Obligatoires tous les 5 ans, ou 10 ans si l’immeuble :

  • A 8 unités ou moins ;
  • A 3 étages hors sol ou moins ;
  • Est une copropriété horizontale (aucune partie commune au bâtiment).

Validité des carnets d’entretien établis avant l’entrée en vigueur du règlement

Les copropriétés qui ont pris les devants ne seront pas pénalisées : un carnet d’entretien produit entre le 14 août 2023 et le 14 août 2025 est reconnu comme valide, à condition qu’il ait été préparé par un professionnel autorisé – soit un ingénieur, un technologue professionnel, un architecte ou un évaluateur agréé.

Cette clause transitoire est essentielle : elle permet aux syndicats ayant agi de manière proactive de ne pas devoir recommencer inutilement le travail. En d’autres termes, si votre syndicat a déjà investi dans un carnet d’entretien conforme aux principes de la Loi 16, vous êtes en avance sur vos obligations légales.

👉 La première révision devra néanmoins être réalisée cinq ans après la date d’obtention du carnet, ou dix ans si votre copropriété remplit les critères permettant d’espacer les révisions (8 unités ou moins, 3 étages ou moins, ou copropriété horizontale sans parties communes du bâtiment).

2. L’étude du fonds de prévoyance (obligatoire au plus tard le 14 août 2028)

L’étude du fonds de prévoyance est un outil de planification financière indispensable qui permet au syndicat d’anticiper les réparations majeures et remplacements des parties communes sur un horizon d’au moins 25 ans. Elle vient compléter le carnet d’entretien, en transformant ses données techniques en projections budgétaires concrètes.

Contenu obligatoire

L’étude doit obligatoirement inclure :

  • Une analyse basée sur un carnet d’entretien conforme, identifiant les interventions prévues sur 25 ans ;
  • Une estimation des coûts année par année, ajustée selon l’inflation et les conditions du marché ;
  • Une recommandation claire sur les contributions annuelles à verser au fonds de prévoyance, ainsi qu’un montant minimal recommandé à maintenir dans le fonds à chaque début d’année ;
  • Des recommandations spécifiques lorsque certaines parties communes à usage restreint (PCUR) nécessitent des contributions distinctes.

Cette approche structurée permet une gestion prévisible et équitable des finances du syndicat.

Qui peut la réaliser

Les mêmes ordres que pour le carnet, avec un ajout : les CPA (Ordre des comptables professionnels agréés)

L’étude doit être préparée par un professionnel indépendant du syndicat (non administrateur, non copropriétaire, non gestionnaire),

Fréquence d’obtention de l’étude du fonds de prévoyance

Selon le règlement officialisé le 30 juillet 2025, toutes les copropriétés, sans exception, doivent faire mettre à jour leur étude du fonds de prévoyance tous les 5 ans.

Cette exigence s’applique quelle que soit la taille de la copropriété, le nombre d’unités, le type d’immeuble ou sa configuration. Aucune dérogation n’est prévue à cet égard.

L’objectif est clair : assurer une planification financière rigoureuse et à jour, basée sur des données actualisées, afin d’éviter les déficits budgétaires, les contributions spéciales imprévues et les décisions prises à l’aveugle.

En instaurant une fréquence uniforme, le gouvernement s’assure que tous les syndicats maintiennent une vision réaliste et évolutive de leurs besoins financiers à long terme.

Validité des anciennes études

Les syndicats qui ont agi de manière proactive bénéficient d’une mesure transitoire : toute étude du fonds de prévoyance obtenue entre le 14 août 2023 et le 14 août 2025 est valide, à condition qu’elle ait été réalisée par un professionnel autorisé.

Cette reconnaissance permet aux copropriétés ayant anticipé la réforme d’éviter des frais inutiles à court terme, tout en maintenant leur conformité. Toutefois, ces syndicats devront tout de même prévoir une nouvelle étude cinq ans après la date de l’étude en cours.

3. L’attestation du syndicat (obligatoire dès le 14 août 2025)

Souvent perçue comme un simple document administratif, l’attestation du syndicat s’impose désormais comme un levier central de transparence dans les transactions immobilières en copropriété. Elle devient un outil incontournable pour les acheteurs, mais également un révélateur de la qualité de la gouvernance du syndicat.

Délai de production

À compter du 14 août 2025, tout copropriétaire qui accepte une promesse d’achat pourra exiger une attestation du syndicat. Ce dernier disposera alors d’un délai de 15 jours pour fournir ce document. Le non-respect de cette échéance pourrait compromettre la transaction et nuire à la crédibilité du syndicat.

Contenu obligatoire de l’attestation

Le règlement précise que l’attestation du syndicat doit fournir un portrait fidèle, à la fois financier, technique, administratif et légal, de la copropriété. Elle doit notamment inclure :

  • Le montant total du fonds de prévoyance en date de l’attestation, ainsi que la recommandation minimale prévue par l’étude du fonds ;
  • Le total des contributions aux charges communes exigées et effectivement payées par les copropriétaires au cours des trois dernières années ;
  • Le solde du compte courant, les surplus ou déficits annuels des trois derniers états financiers, ainsi que le budget prévisionnel de l’année en cours ;
  • Une mention confirmant que le syndicat est titulaire d’une assurance conforme à l’article 1073 du Code civil, incluant le montant de la plus haute franchise applicable ;
  • Une description sommaire :
    • Des inspections ou expertises réalisées à l’initiative du syndicat au cours des cinq dernières années ;
    • Des sinistres ayant affecté la partie privative vendue ou les parties communes durant la même période ;
    • Des réparations majeures ou remplacements réalisés au cours des cinq dernières années, ainsi que ceux prévus au cours des dix prochaines années, ou à court terme à la suite d’un imprévu ;
    • Des modifications apportées à la déclaration de copropriété dans les trois dernières années ;
    • Des litiges en cours impliquant le syndicat et faisant l’objet d’une procédure devant un tribunal.

L’attestation devra être datée, signée, et indiquer clairement le nom et la qualité de la personne autorisée à la délivrer.

Un effet structurant sur le marché immobilier

L’exigence de fournir une attestation du syndicat lors de la vente d’un condo représente l’une des mesures les plus structurantes de la réforme. Elle introduit un puissant levier de responsabilisation en rendant visibles — et comparables — les forces et les faiblesses de chaque syndicat de copropriété.

Dès l’entrée en vigueur du règlement, les immeubles mal préparés ou non conformes risquent de se heurter à des obstacles commerciaux concrets :

  • Une perte de valeur marchande ;
  • Des transactions retardées ou compromises ;
  • Des conditions de vente moins favorables pour les vendeurs ;
  • Une méfiance accrue des acheteurs potentiels, notamment face aux copropriétés sans carnet d’entretien ou étude de fonds à jour.

À l’inverse, les copropriétés bien structurées, transparentes et conformes aux exigences réglementaires seront naturellement avantagées. Elles démontrent une gouvernance rigoureuse, une planification solide et un souci de pérennité — autant de qualités recherchées par les acheteurs et les courtiers immobiliers dans un marché de plus en plus soucieux de la qualité de l’actif bâti.

Les impacts concrets pour tous les acteurs de la copropriété

L’entrée en vigueur officielle du règlement d’application de la Loi 16 transforme en profondeur la gestion des copropriétés au Québec. Bien au-delà d’un simple exercice de conformité, cette réforme marque un véritable changement de culture. Elle clarifie les responsabilités, élève les standards de gouvernance et impose des outils structurants — carnet d’entretien, étude du fonds de prévoyance, attestation en cas de vente.

Chaque acteur est concerné : les syndicats doivent structurer leur gouvernance, les promoteurs livrer des immeubles bien documentés, les gestionnaires assumer un rôle stratégique de conformité, et les copropriétaires bénéficient d’une meilleure transparence et stabilité financière.

👉 Pour une analyse détaillée des impacts pour chaque groupe, consultez notre article complet sur les rôles et responsabilités imposés par la Loi 16.

Une transition à anticiper dès maintenant

La Loi 16 impose désormais des standards élevés en matière de transparence, de reddition de comptes et de documentation. Les gestionnaires doivent produire des rapports détaillés, encadrer rigoureusement les assemblées et garantir une communication claire des décisions financières.

Pour répondre à ces nouvelles exigences, la technologie joue un rôle clé. Les plateformes numériques comme Regisco permettent non seulement de suivre les obligations légales en temps réel, mais aussi d’automatiser les suivis et d’optimiser la gestion quotidienne. Cette transformation numérique est une opportunité pour les syndicats et firmes de gestion de professionnaliser leur approche, tout en réduisant les risques d’erreur ou d’omission.

Passez à l’action dès aujourd’hui

La conformité à la Loi 16 ne se limite pas à remplir des obligations : c’est l’occasion de structurer votre syndicat, de prévenir les imprévus et de valoriser votre immeuble. Que vous soyez au début de votre démarche ou prêt à finaliser votre carnet d’entretien, Regisco vous accompagne à chaque étape — de l’analyse initiale à la mise en œuvre complète.

Vous pouvez consulter le règlement officiel ici.

Demandez une soumission personnalisée dès maintenant ou prenez rendez-vous avec un expert pour évaluer vos besoins. Simplifiez votre conformité avec Regisco, la solution numérique tout-en-un conçue pour les copropriétés du Québec.

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